Le pain de tradition rompt la morosité

Si la crise de consommation vécue depuis 2008 n'a épargné personne, le pain fait un peu figure d'exception. La consommation de pain n'aurait diminué en 2008 que de 0,3 % en euros constants. Une belle performance quand bien même cette denrée de première nécessité s'est vue montrée du doigt pour ces soi- disantes augmentations. Selon une enquête conjointe du Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) et de l'ANMF (Association nationale de la meunerie française) réalisée cet été, 79 % des Français estiment, en effet, que le prix du pain a augmenté entre l'été 2008 et l'été 2009. En réalité son prix a augmenté de 0,8 % sur cette période et il a même baissé de 0,3 % sur le premier semestre 2009.

Le pain de l'artisan boulanger résiste encore mieux, quand l'activité des laboratoires des grandes surfaces enregistre un recul pour la troisième année consécutive. Après deux années consécutives de baisse (2007 : - 1 %, 2006 : - 3,4 %), les utilisations de farine par la boulangerie artisanale ont renoué avec la croissance en 2008 (+ 0,5 %). Plusieurs explications à cette bonne résistance du pain en boulangerie artisanale. Premièrement, en période de crise, le consommateur a tendance à se réfugier dans une alimentation porteuse de sens. Le pain reste un symbole. Un symbole dont il faut d'ailleurs profiter car « c'est le meilleur fonds de commerce pour la filière », estime l'historien du pain, Steve Kaplan.

Par ailleurs, la population souhaitant contracter ses dépenses de carburant et cherchant à retrouver du lien social, s'est quelque peu détournée des hypermarchés. « Ce retour vers le commerce de proximité reste sans doute un facteur conjoncturel que les boulangers devront pérenniser », nuance Pascale Hebel, directrice du département consommation au Crédoc.

Enfin, la forte variété de pains consommés permet de soutenir la consommation. Si la baguette s'essouffle, les farines destinées aux pains spéciaux et de tradition en boulangerie artisanale voient respectivement leurs ventes progresser de 3 % et 7,9 %. Pour le pain de tradition, l'essai serait même transformer sur le premier trimestre 2009 avec des ventes de farine de l'ordre de 10 %.

Renaud Fourreaux